Artiste plasticienne du vivant
Après s’être définie pendant plusieurs années par rapport à la peinture et à la sculpture, Héléna Guy Lhomme a découvert la richesse et le potentiel qu’offre ce matériau atypique pour beaucoup qu’est la laine. Elle est devenue sa matière de prédilection. C’est auprès d’artistes russes qu’elle la découvre alors qu’elle réside à Moscou de 2014 à 2017, dans un monde underground aujourd’hui anéanti où ses ateliers sont nichés dans des sous-sols insoupçonnés et des usines désaffectées. Elle revient cependant de ces antres, saturés de chaleur humaine, de virtuosité technique et d’absence de jugement créatif, en s’exprimant toujours avec le bronze et la céramique.
Lorsque la pandémie la coupe de tout, la laine cardée s’impose comme une évidence cathartique. Matière vivante et écologique, fruit du travail d’une filière de production humaine et animale, les fibres de laine sont les liens qui la relient encore au monde extérieur. Ce medium doux, qui évoque la féminité et le foyer, ultra plastique et ultra pictural qu’elle travaille par des dizaines de milliers de coups d’aiguille, lui offre un pouvoir démiurgique renouvelé. Et quand le quotidien se restreint, que vivre se résume à des rituels lancinants, peu à peu, le thème du repas et de la nourriture obnubile son travail dans une volonté d’interroger notre place au sein du vivant, la déraison de notre monde et la puissance de nos héritages culturels.
De sa fascination d’enfance pour la nature morte hollandaise et les clair-obscur du Siècle d’or espagnol, elle tire tout d’abord des sculptures en trompe-l’œil troublantes de réalité. Puis, les pièces prennent un tournant résolument contemporain. Elles interrogent les corps féminins et la nourriture, la sensualité et la vanité, la fragilité et la folie. L’artiste occulte son rapport à son propre corps, périssable, paré, menacé, simultanément offert et oblitéré, objet de convoitises toujours. Autant de sujets d’effroi que la laine vient progressivement réconcilier dans un éclat de rire écho des vanités antiques.
Tout passe…
Stéphanie Pioda, critique et historienne d’art
« Le feutrage à l’aiguille est un paradoxe permanent qui nourrit ma créativité : entre maîtrise et lâcher prise, lenteur et efficacité, répétition et fulgurances. Autodidacte, je suis sans tabou et j’ai la sensation envoûtante que je conduirai ce médium indéfiniment sur des voies personnelles et inédites. »
Héléna Guy Lhomme
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Helena Guy Lhomme